
Photographie de l’artiste par Sébastien Cottereau.
Artiste plasticienne et performeuse, née à Paris en 1984.
« Mon travail artistique, performatif et plastique naît à partir de souvenirs, d’expériences scientifiques, d’expériences in-expliqués, ou de faits d’actualités.
J’inscris dans la matière ce que je perçois de l’autre réalité. Celle que je vis dans mes songes, lors de méditations ou de voyages hypnotiques. Je raconte et transcris via ma main droite, mes lèvres et mon souffle, le langage d’une dimension subtil qui m’est chuchoté à l’oreille gauche.
Je réalise des actes magiques, des langages de ciels, des couronnes galactiques, des nouvelles prières, j’embrasse des cassures, crée des mouchoirs à chagrin. Je détourne, transpose et joue des codes de représentations. J’upcycle la pensé et la matière. Je suis une chercheuse inconditionnelle de liens, de codes, et de vérités. Mon travail soulève des questions intrinsèques à notre condition humaine et perturbe nos croyances.
Dans ma démarche, je lie l’empreinte visible à l’empreinte invisible à l’aide de différents médiums. La photographie, l’écriture, une matière noire (à lèvre) que je fabrique, l’encre, le crayon, et la peinture. La performance m’amène à utiliser le corps comme outil de médiation.
L’empreinte de mes baisers est quasiment présente dans l’ensemble de mon travail depuis l’hiver 2011, date à laquelle j’ai embrassé le cercueil de ma mère avant qu’il parte au feu. Cet acte performatif, non prémédité est pour moi une source d’inspiration puissante. Le canal de la liberté, celui qui pousse les limites du réel et permet de démystifier le monde invisible. »
Charlotte L’Harmeroult
Atelier Panoramas sur la rive droite.
BIOGRAPHIE
Charlotte L’Harmeroult est une artiste française, plasticienne et performeuse née à Paris en 1984. Elle vit et travaille à Bordeaux depuis 2015. Son atelier est situé à Lormont, Panoramas sur le rive droite du bas Carriet. Son travail soulève des questions intrinsèques à notre condition humaine et perturbe nos croyances au cœur de nos identités à travers différents outils et médiums.
Après ses études aux ateliers de sèvres puis trois ans aux beaux-arts Paris Glacière en lithographie, peinture, dessin, elle s’installe à Berlin en 2010 où elle intègre les ateliers Tempelhof 10 avec les diplômés de l’école de Weissensee. Elle expose à The Affordable Art fair à New-York et à Bruxelles puis lors d’expositions de groupe à Washington et en Israël. Elle crée le duo JN+C avec son père, le photographe Jean-Noël L’Harmeroult, et approfondie la pratique de la performance auprès de la danseuse canadienne Lysandre Coutu-Sauvé. Charlotte L’Harmeroult se met en scène au travers de ses oeuvres photographiques, plastiques et videos. Elle revient en France en 2014 et présente une exposition personnelle à Boulogne avec la curatrice Cécile Dufay à la galerie Mondapart sur le poids de l’âme et son empreinte dans une installation immersive où elle invite Romain Azzaro à performer avec elle.
Charlotte L’Harmeroult crée un langage avec l’empreinte de ses lèvres et une matière noire qu’elle fabrique. L’artiste est soutenue par la Maison du joaillier Mauboussin depuis la sortie de son foulard, Le baiser du diamant en 2012 avec deux expositions parisienne, place Vendôme et sur les Champs Elysée. Elle crée deux bijoux d’artiste en 2015 qu’elle nomme Lèvres de toi, Je succombe. La Galerie Jed Voras Paris l’invite à exposer et à produire une oeuvre ainsi qu’une performance dans le cabinet des jeux de Nicolas Fouquet au Chateau Vaux-Le-Vicomte.
En 2015 Charlotte L’Harmeroult s’installe à Bordeaux et remporte avec La Chambre Bleue l’Aide à la Création de la ville pour l’oeuvre performative et poètique De vers à soi à la Galerie des étables. Un an plus tard, le Festival International du Film Indépendant de Bordeaux lui consacre une exposition personnelle Cours Mably pendant le festival et Guillaume Fédou lui commande deux performances pour sa Carte rose dans le cadre de Bordeaux Métropole – Paysage 2017.
Elle travaille aussi en temps que guide et cheffe de salle à l’Opéra Nationale de Bordeaux pendant quatre années.
Après avoir mis au monde une fille en 2018, Charlotte L’Harmeroult reprend ses recherches artistiques pendant le premier confinement 2020 et crée une signalétique de l’intime sur papiers qui débordent dans la vie du quotidien avec des coussins aux formes spéciales. Elle intègre les ateliers de Panoramas à Cenon où elle crée une série textile upcyclée qu’elle nomme Baisers Grenade. Les baisers sont imprimés à la main avec un tampon linogravé par ses soins et une encre à sérigraphie à l’eau. Elle aime dire qu’elle « upcycle » la pensée et la matière dans un monde en pleine mutation. Et si la transition énergétique passait aussi par l’être ?
A l’hiver 2019 elle intègre le collectif les Créateurs de Cérémonies à Bordeaux. Elle acquière une formation professionnelle en temps que créatrice de cérémonies d’engagement (laïque) et officiante. Elle accompagne seize couples à la création de leur cérémonie d’union au niveau national et prend son envol en septembre 2022 pour un accompagnement plus artistique et libre. Elle déploie avec l’identité du couple une performance d’art, grâce à la réalisation d’un rituel unique pour leur histoire. En sa qualité d’artiste, Charlotte L’Harmeroult accompagne les couples au plus proche de leurs désirs et de leur croyance avec un regard avant gardiste et une écriture au rythme dansant et saisissant.
Depuis septembre 2022, elle démarre une nouvelle recherche autour de la pratique de l’auto-hypnose et l’hypnose profonde qui lui permet d’aller au delà de soi. Elle écrit sur ses voyages, et dessine ce qu’elle y voit. Elle travaille actuellement sur un nouveau projet nommé : Au delà de l’identité, une oeuvre collective et collaborative qui questionne les vérités individuelles des habitants des territoires. Celui-ci est soutenue par la ville de Bordeaux. Les arts aux murs artothèque de Pessac viennent d’acquérir une de ses oeuvres.
Textes
Charlotte L’Harmeroult sait parfaitement se définir, ce qui est rare chez un artiste, et chez un être humain en général. Elle est selon ses propres termes une « provocatrice émotionnelle dans le « ici et maintenant » ».
Regardez bien. Sa douceur, son sourire, ses couleurs, la joliesse de ses armes, de sa personne, de son regard sur le monde sont un diluant de la vulgarité, de l’impersonnel, de la triviale banalité qui couvre d’un voile gris notre contemporéanéité et notre vision du monde. Eduqués par la pensée et l’arts officiels non pas à regarder le monde, à tenter de le voir, mais à l’analyser, le décortiquer, en faire surgir les failles, les incohérences, les laideurs et les insuffisances, bref, ayant été dressés à une pensée de système qui sous couvert de nous ouvrir les yeux nous offre une vision noire et pré-formatée, nous ne savons plus voir cette évidence : le monde est, et nous sommes. Là, tout simplement, nous insérant dans le réel, introduisant notre regard propre, si nous le voulons. Propre aux deux sens du terme : nouveau, clair, pur de tout jugement. Personnel, car chacun voit le monde différemment, remarque et note et interprète et transforme son environnement -parce que la vision est une interprétation éminemment individuelle. Le regard est un mystère : c’est une fonction qui en appelle autant au cerveau qu’aux yeux, et probablement repose sur l’ensemble de nos sens. Les couleurs ne sont pas perçues de la même façon par les individus, cela est connu. Mais sait-on que le rapport physiologique à la vision n’est pas le même selon nos capacités physiques ? Celui qui ne sait pas toucher ne voit pas comme celui qui sait. Sait-on suffisamment que la « vision » est une forme aigüe d’intelligence ? Les génies « voient en images », comme les artistes, et leur raisonnement ne suit pas un cheminement logique additionnant des étapes, il est un flash géométrique. On parle de visionnaires, et si Dieu est Verbe, il vit que cela était bon, dans la Genèse/Création. Charlotte L’Harmeroult purifie votre regard sans l’abstraire du monde. Elle vous aide à voir le monde comme le terrain de votre propre vision, qui va venir enrichir une oeuvre nécessairement collective, mais qui à la fin deviendra éminemment la vôtre. Elle vous apprend que vous êtes les créateurs de votre propre monde, véritablement. Et Charlotte vous révèle un deuxième secret que la sagesse populaire connaît de longue date : on ne voit bien qu’avec le coeur. Pour être capable de regarder, il faut aimer, se placer dans une disponibilité et une empathie, accepter le mélange, le partage, une dilution/dilatation de soi pour se trouver soi-même. Méfiez-vous des doux, des discrets, des réservés. Ils osent. Sans faire semblant.
Cécile Dufay, galeriste. Galerie Cecile Dufay. Paris
Pour Charlotte L’Harmeroult le baiser est un vécu pléthorique qu’elle n’a de cesse de rechercher et de transfigurer dans son travail. Il cristallise les passions. Il est une réalité filante qui, une fois déposé, jouit d’une existence éthérée qui ne garde pour trace que l’emprunte qu’il laisse dans le coeur des êtres. Le travail de cette artiste se concentre à rendre l’invisibilité du baiser, visible.
Le contact avec la bouche se pratique pour des raisons sociales et sentimentales. Utiliser avec tact et respect des règles de l’amour et du vivre ensemble, le contact labiale est un geste qui dépose l’ordre. L’intensité avec laquelle Charlotte L’Harmeroult pratique le baiser, propage une déflagration sur le terrain des rites sociaux balisés liés au contact des lèvres et les fait éclater.
L’organe de la bouche lui permet d’accéder à une liberté émotionnelle qui vient s’incarner lors d’une performance ou bien à la surface d’une toile. L’artiste crée tantôt de l’amour tantôt de la transgression passionnelle. Ainsi, elle chemine vers une cristallisation des émotions, et une transmission des vérités communiquées à autrui.
Charlotte L’Harmeroult cherche les éléments éthérés de l’existence. Elle fait naître des oeuvres qui étendent la réalité poétique du monde contemporain et exorcisent le dangereux soliloque d’un monde urbain qui ne dialogue plus qu’avec lui-même et reste ainsi aveugle fasse à la richesse de ses existences invisibles et métaphysiques.
Aleksandra Olenka Smilek, commissaire d’exposition.