Aujourd’hui nous sommes le 29 novembre 2022. Il y a onze ans, ma mère a été libérée de la douleur de son corps malade et de la souffrance de son âme. Elle a quitté la terre et sa vie humaine. A plusieurs kilomètres, je l’accompagnais entre les deux mondes à l’aide d’une phrase répétitive « Vas-y tranquille, aie confiance. » Je savais qu’elle était en train de mourir. Ce matin-là à 6h18 elle a expiré son dernier souffle. Elle a quitté son corps et son esprit est venu à moi. Il était noir, rapide, très abîmé, se déplaçant de façon mécanique sachant exactement où se positionner au dessus de ma tête. De l’énergie est tombée sur moi, me livrant une transmission dématérialisée avant de quitter la pièce. Je me suis réveillée en sursaut le nez en sang exprimant un « Non » éveillé et démuni alors que je venais de l’encourager à partir. Je me suis levée pour me nettoyer le visage alors qu’elle partait nettoyer son âme. Je me suis recouchée. Vers 9h le téléphone à sonné. Ma grand-mère est venue me trouver. Elle a ouvert la porte pour me livrer la nouvelle : «Maman c’est fini, elle est partie tôt ce matin.» La trace du sang rouge sur mon drap rose resterait là pour toujours. Ce récit je ne l’écris pas pour elle, ni pour moi qui connaissons notre histoire. (bien que peut-être un peu quand même en ce jour.) Je l’écris pour vous, pour nous, pour se rappeler que notre condition humaine si particulière est mystérieuse et magnifique. Que vivre est un cadeau, mais que mourir aussi.

Charlotte L’Harmeroult